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laCasademiAbuela
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  • Je suis en train de faire la rénovation de la maison de ma grand-mère. Des recettes de cuisine, de la bidouille, du tricot, de la couture, du séries BBC en V.O., de la photograhie, de mon village... bref, ma p'tite vie!!!
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12 septembre 2016

Verde que te quiero verde

Je retourne sur le trapillo. Leyre adore la couleur verte et pendant que je travaile sur son tapis je me souviens de Lorca.

Vuelvo sobre el trapillo. El color preferido de Leyre es el verde y mientras trabajo en su alfombra pienso en Lorca.

IMG_20160904_234002

Romance somnambule
Vert c’est toi que j’aime vert,
vert du vent et vert des branches,
le cheval dans la montagne
et la barque sur la mer,
L’ombre à la taille, ,elle rêve,
penchée à la balustrade,
vert visage, cheveux verts,
prunelles de froid métal,
vert c’est toi que j’aime vert,
et sous la
tous les objets la regardent,
elle qui ne peut les voir.
Vert c’est toi que j’aime vert.
Un essaim d’astres de givre
escorte le poisson d’ombre
qui ouvre la voie de l’aube.
Le figuier griffe le vent
avec sa râpe de branches.
Le mont, comme un chat sauvage,
hérisse tous ses agaves.
Mais qui viendra ? Et par où ?
Penchée à sa balustrade,
vert visage, cheveux verts,
la mer est son rêve amer.
Ami, veux tu me donner
ta maison pour mon cheval,
ton miroir pour mon harnais,
ton manteau pour mon poignard ?
Je reviens ensanglanté
depuis les cols de Cabra.
Mon garçon, si je pouvais,
j’accepterais ton marché.
Mais je ne suis plus moi même,
ma maison n’est plus la mienne.
Ami, je voudrais mourir
dans un lit, tranquillement,
sur un bon sommier d’acier,
entre des draps de Hollande.
Vois tu cette plaie qui s’ouvre
de ma poitrine à ma gorge ?
Je vois trois cent roses brunes
fleurir ta chemise blanche.
La laine de ta ceinture
a pris l’odeur de ton sang.
Mais je ne suis plus moi même,
ma maison n’est plus la mienne.
Laissez moi montez au moins
vers ces hautes balustrades,
laissez, laissez moi monter
à ces vertes balustrades,
aux balustres de la lune
d’où l’eau retombe en cascade.
Les deux compagnons s’élèvent
vers les hautes balustrades.
Laissant des traces de sang.
Laissant des traces de larmes.
Quelques lanternes d’étain
tremblotaient sur les terrasses.
Mille tambourins de verre
blessaient le petit matin.
Vert c’est toi que j’aime vert,
vert du vent et vert des branches.
Les deux compagnons montaient.
Dans leur bouche le grand vent
laissait comme un goût de fiel,
de basilic et de menthe.
Ami, dis moi, où est-elle,
ta fille, ta fille amère ?
Que de fois elle attendit !
Que de fois, elle espéra,
frais visage, cheveux noirs,
à la verte balustrade !
Au miroir de la citerne
se balançait la gitane,
vert visage, cheveux verts,
prunelles de froid métal.
Un mince glaçon de lune
la soutient à la surface.
La nuit se fit plus intime
comme une petite place.
Ivres, des gardes civils
cognaient aux portes, là-bas…
Vert c’est toi que j’aime vert,
vert du vent et vert des branches,
le cheval dans la montagne
et la barque sur la mer.
F.G.Lorca – (Romancero Gitan)

 

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